Hommage à Paul Tavernier

Paul Tavernier n’est plus. Il est décédé le 11 janvier dernier à l’âge de 80 ans.

 Docteur en droit en 1968 (sa thèse, dirigée par Paul Reuter et publiée à la LGDJ en 1970, avait pour titre : « Recherches sur l’application dans le temps des actes et des règles en droit international public. Problèmes de droit intertemporel ou de droit transitoire »), il fut successivement chargé de cours aux Facultés de droit et de sciences économique d’Alger, de Grenoble et de Sceaux, puis maître-assistant à Paris II avant d’être professeur à Grenoble, puis à Rouen et, enfin, à Sceaux où il arrive en  1995. Il a pris sa retraite en 2008, année à partir de laquelle il est devenu professeur émérite, toujours attaché à Sceaux et à l’IEDP jusqu’à sa mort.

Grand connaisseur du droit humanitaire, des droits de l’homme et des organisations internationales – et tout spécialement de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme –, il fut un auteur prolixe, un chercheur rigoureux et un enseignant fort apprécié de ses étudiants. On lui doit des chroniques dans l’Annuaire français de droit international et dans l’Annuaire du Tiers monde, mais surtout une chronique de « Jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme » au Clunet à partir de 1985, et de très nombreux articles dans les principales revues de droit international de langue française.

Mais l’œuvre principale de Paul Tavernier, en relation avec son appartenance à la Faculté Jan Monnet et à l’IEDP, est la création ex nihilo, en 1990, alors qu’il est en poste à Rouen, du Centre de recherches et d’études sur les droits de l’homme et le droit humanitaire (CREDHO). A la suite de sa nomination à Sceaux, en 1995, Paul Tavernier crée le « Credho Paris Sud » qui est intégré à l’IEDP dès la création de celui-ci, l’année suivante. Le Credho publie, chaque année, d’une part, un « Bulletin d’information annuel » qui recense notamment, les ouvrages et articles en langue française ainsi qu’une liste des thèses soutenues dans les universités françaises et, d’autre part, les Cahiers du Credho qui reproduisent les Actes des Sessions annuelles d’information sur la France et la Cour européenne des droits de l’Homme. L’une et l’autre de ces publications constituent de très précieuses sources d’information pour les chercheurs.

Paul Tavernier a, par ailleurs, dirigé une quinzaine de thèses sur des sujets extrêmement divers se rattachant à ses thèmes de recherche de prédilection.

Sa notoriété s’est manifestée avec éclat lors de la publication de ses Mélanges, (« L’homme dans la société internationale », sous la direction de Jean-François Akandji-Kombé, Bruylant, 2013, 1626 pages), qui réunissent les contributions de 80 auteurs, français et étrangers, portant sur le droit international, le droit des organisations internationales, le droit de la paix et de la sécurité internationale, le droit européen des droits de l’homme, le droit international pénal et le droit humanitaire.

Paul Tavernier a ainsi contribué au rayonnement de l’IEDP qui, grâce à lui, a pu s’appuyer sur une « locomotive scientifique » pour se faire connaître hors de la Faculté Jean Monnet à ses tout débuts.

Enfin, il convient d’ajouter que, si Paul n’était pas toujours d’un caractère très facile – ses sautes d’humeur sont légendaires –, il était un ami fidèle, un homme discret, ne cherchant pas à braquer les lumières sur lui. Il était aussi, et surtout, un scientifique consciencieux et curieux, un universitaire au plein sens de ce terme.

François-Julien-Laferrière et Jérôme Fromageau

L’IEDP et ses directeurs présentent à sa famille et à ses proches leurs plus sincères condoléances.